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Présentation

Le fonctionnement des villes est une question devenue centrale dans les pays industriels et les pays émergents. La grande ville fonctionne encore plus qu'hier comme un gigantesque commutateur qui brasse les populations et organise les échanges de biens et de services.

Après avoir été secondaire pendant longtemps la question urbaine devient centrale dans les pays industriels et encore plus dans les pays émergents qui réalisent en quelques décennies un parcours qui prit plus d'un siècle en Europe. Le fonctionnement des villes commande la performance économique et le bien être des habitants ; la démocratie politique et le vivre ensemble s'y jouent largement. Cette montée du phénomène urbain se manifeste à l'évidence par la démographie ; en 2008 et pour la première fois dans l'histoire le nombre des "urbains" a égalé celui des "ruraux" et cette tendance va se poursuivre. Toutes les données convergent pour établir qu'à horizon 2040 les peuplements seront essentiellement urbains. Une grande nouveauté tient aussi à l'émergence de très grandes métropoles, les grandes villes millionnaires, voire les XXL de plus de dix millions d'habitants, qui pour la plupart se trouvent dans les pays émergents.

Tout cela aiguise notre besoin de compréhension car les villes sont en train de s'imposer comme des formes essentielles de l'action collective, au même titre que l'Etat, le marché, la firme. La grande ville fonctionne comme un gigantesque commutateur qui brasse les populations et organise les échanges de biens et de services. Tout cela aiguise des intérêts de connaissance.

Depuis plus de deux siècles l'Ecole des Ponts a formé des générations d'ingénieurs qui ont contribué à construire des villes et leurs sous parties : routes, ponts, grands équipements, systèmes techniques, logements. Aujourd'hui elle se trouve au cœur de la cité Descartes, lieu de concentration de nombreuses compétences urbaines : Université Paris Est, Institut Français d'Urbanisme, IFSTTAR, CSTB, Labex 'Futurs urbains'. La création d'une chaire sur la ville, soutenue par de grands partenaires, s'inscrit dans ce paysage et témoigne de leur intérêt pour des questions actuelles.

Fondamentalement cette chaire est une chaire de recherche – et non pas un think tank ou une structure de communication. Le parti adopté est de nous concentrer sur quelques thèmes, unis par une approche matérielle et descriptive de la ville. Les opérations prévues comprennent :

  • Trois programmes de recherche et l’animation de réseaux internationaux correspondants
  • Une politique de diffusion par un cycle de petits déjeuners, un site web, une politique de traduction en anglais
  • Un enseignement à l’Ecole des Ponts

En premier regard la ville peut se décrire comme un gigantesque ensemble bâti composé de logements, de grands équipements publics et privés et de systèmes techniques, pour certains visibles, pour d'autres souterrains. Leur organisation et leur qualité commandent bien des grands sujets contemporains. Leur implantation physique modifie la morphologie et contribue à l'égalité ou aux inégalités spatiales. Leur financement touche aux questions de justice sociale et aux principes d'équilibre économique. Leur organisation concerne directement les formes de gouvernement, selon le dosage du curseur, entre le tout public ou le tout privé. Les choix faits et le niveau de qualité de cette ville matérielle ont un impact sur la performance économique et environnementale des métropoles. Il en est de mieux équipées que d'autres, de moins polluées et de plus agréables à vivre.

Autrement dit, cette lecture matérielle nous sert aussi de descripteur de nombreux thèmes à composante sociale et politique. Cette position peut se lire comme une invite à concentrer l'action collective à améliorer d'abord cette composante lourde des villes car bien des résultats peuvent en découler, avant de s'attaquer à des questions plus complexes où de nombreux facteurs de causalité entrent en ligne de compte.

Au-delà de programmes spécifiques l'objectif se résume à quelques mots – mieux définir quelques "bonnes" questions, accumuler des productions de recherche, les faire circuler. Les savoirs sur le monde urbain ne se réduisent pas aux cercles des institutions de recherche et de l'administration. Nous souhaitons y inclure de grands acteurs publics et privés qui participent directement à la fabrique urbaine et qui ont leurs expériences sur ces objets. Nous souhaitons, en France, élargir le cercle aux maires et à leurs fonctionnaires territoriaux.