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Les grands acteurs de la fabrique urbaine

La grande firme joue un rôle croissant dans la ville, elle reste peu étudiée. Notre but est de faire entrer les études sur les firmes comme un genre parmi d’autres en sciences sociales.

La grande firme joue un rôle croissant dans la ville, elle reste peu étudiée. Le courant des politiques publiques comme la sociologie des organisations se sont d’abord intéressés à l’Etat et aux autres acteurs publics. Les économistes et leur vision de l’échange optimal par les marchés ont eu tendance à représenter la firme comme un acteur « point » sans épaisseur. Notre but est de faire entrer les études sur les firmes comme un genre parmi d’autres en sciences sociales.

Les « portraits de firmes »

Plutôt que d’aborder la firme à la marge, comme complément à des études se situant dans d’autres problématiques, notre approche est directe et descriptive. Commençons à écrire des « portraits » de firmes qui contribuent à la fabrique urbaine. Comprenons leur histoire, leurs stratégies, mesurons ce qu’elles pèsent, décrivons leurs produits etc…. Et cela fait, nous aurons peut-être une meilleure compréhension de ce qu’est la « grande firme » et de ce qui la distingue des institutions publiques (Etat, collectivités locales) ; notre idée est qu’une partie des "faux bons" débats de notre société se trouvent largement fondés sur une lecture inexacte de la nature de chaque acteur.

Ce thème s'inscrit en continuité d'une initiative prise dans la revue Flux autour de "portraits d'entreprises". En décembre 2012, 34 articles présentant 88 firmes ont été publiés. Nous allons poursuivre dans cette voie en nous appuyant sur les auteurs déjà impliqués (voir liste des publications) et en incitant les jeunes chercheurs à prendre en compte cette dimension de la question urbaine. Des engagements ont été pris pour des « portraits » sur les opérateurs de logistique, les opérateurs portuaires, les compagnies d'eau britannique, les conglomérats dans les pays émergents etc…

Les grands projets urbains

Les grands projets par leur taille, les défis techniques, les innovations institutionnelles nécessaires pour les faire aboutir expriment d’une certaine manière les transformations de la ville aujourd’hui  qui s'agisse de la production d'un quartier ou d'un objet plus compact : mega centre commercial, immeuble de bureaux multi-fonctions, ensemble universitaire.  Dans ces grands projets urbains (GPU) des acteurs financiers nouveaux sont présents et leur entrée a des impacts sur les équilibres traditionnels entre la puissance publique et les gestionnaires, des impacts aussi sur la forme urbaine. Ces grands projets sont en général portés par des acteurs globaux, mais pas seulement. Ils traversent les frontières et contribuent à faire circuler des esthétiques, des techniques et des schémas institutionnels,  mais derrière cette première couche des responsables de projets existe tout un ensemble d'autres acteurs, plus ou moins locaux qui contribuent au montage.

Cette approche nous semble particulièrement féconde pour aborder les questions urbaines d'aujourd'hui. Le pilotage des villes fonctionne sur une répartition des missions relativement bien bordée, avec des autorités publiques responsables et des opérateurs publics ou privés qui interviennent de manière sectorielle. Chacun gère sa "brique" urbaine, son morceau de ville. Si on admet que la production effective de villes durables va se jouer aussi dans la coordination entre les "briques" alors la mise en place de nouveaux dispositifs institutionnels, capables de coordonner des pièces du puzzle séparées, fait sens.

Comment fonctionnent les réseaux d'acteurs sur les projets urbains ? Comment circulent les connaissances existantes et comment s'élaborent de nouvelles compétences ? Dans ces processus quelle est la part des compétences "propriétaires" et des compétences mutualisées ? Voit-on apparaître de nouveaux porteurs de projets, des passeurs ? Cette fonction d'intermédiaire est-elle nécessairement assurée par les SEM (qui ont la confiance des autorités et des compétences transversales) ou voit-on émerger d'autres profils : des associations, des émanations de petites entreprises, des sociétés de conseil ? Il est probable qu'une lecture un peu large de ces questions, et étendue à plusieurs pays en Europe, nous montre la diversité des formes possibles. Les actions menés dans le cadre de la "chaire" viennent en complément de travaux déjà engagés par l’équipe FitIn du Latts (Finance, Territoire et Infrastructures) sur des grandes villes françaises.